L’actualité de la semaine est dominée par trois informations importantes : les offres de fourniture d’accès à volume de données échangeables plafonné, l’abandon du marché du PC par le constructeur Hewlett-Packard, le rachat de la division mobile de Motorola par Google.
Le principe de neutralité du Net a été malmené, cette semaine. L’on a en effet appris que plusieurs fournisseurs d’accès avaient l’intention de plafonner la quantité de données téléchargeables pendant un certain laps de temps, le plafond variant en fonction du forfait souscrit par l’internaute. On peut ainsi imaginer un découpage des offres en fonction, non plus du débit (ADSL 2 Mega-bits par seconde, 10 Mbps, 20 Mbps, etc.) mais en fonction du volume de données échangées (2 Giga-octets, 10 Go, 20 Go, etc.). Certains FAI ont cependant annoncé qu’ils continueraient de proposer des abonnements illimités en volume de données échangées. S’il y a rupture du principe de neutralité du Net, c’est parce que cette mesure de limitation du volume des données téléchargeables a pour but implicite de limiter, d’une part, les échanges directs entre internautes (de type P2P ou autre, dont les FAI semblent profiter) et, d’autre part, la consultation de sites consommant beaucoup de bande passante, comme les hébergeurs de médias (YouTube, Dailymotion, etc.). En outre, la mesure soulève une question économique plus générale : le coût de la bande passante nécessaire au fonctionnement de ces sites doit-il peser sur les internautes qui consultent les contenus, sur les opérateurs qui fournissent ces contenus, ou sur les FAI, ou doit-il être partagé ? La limitation forfaitaire du volume des données a pour but de déplacer le coût de la bande passante des FAI vers leurs clients.
Deuxième information importante de la semaine : l’annonce du constructeur Hewlett-Packard qui, suivant la voie choisir par IBM il y a quelques années déjà, a décidé de quitter le marché des ordinateurs personnels. HP croit en effet que l’avenir de l’informatique personnelle(en) réside dans les tablettes (comme l’iPad), et que le PC tel que nous le connaissons est une technologie en fin de vie. Ce raisonnement appelle plusieurs observations. D’abord, l’hypothèse de départ est fausse, car les tablettes et les PC ne sont pas des produits substituables. Les tablettes sont parfaites pour consulter du contenu, mais (à l’heure actuelle) bien moins efficaces que les PC pour en créer. Ensuite, cette décision implique une différenciation de deux marchés : celui du grand public, et celui des professionnels. Les tablettes pour le grand public, les ordinateurs (notamment les serveurs) pour les professionnels. Or, le grand public est composé de «consommateurs» de contenu… mais aussi de créateurs de contenus ! Supposer que les consommateurs ne créent pas de contenu, c’est ignorer, entre autres, la mutation du Web 1.0 en Web 2.0 ou «Web social» ; c’est donc faire un bond de 10 ans en arrière. Enfin, le PC est traditionnellement un outil matériel que l’utilisateur peut adapter à ses besoins en choisissant les logiciels. Les tablettes sont différentes : il n’y a pratiquement aucune liberté en dehors de cette consentie par le fabricant. Par exemple, il est impossible de créer son propre logiciel et de l’installer sur un iPad «non-jailbreaké» (jailbreak : fait d’ôter les protection mises en place par le constructeur, visant à empêcher les utilisations logicielles non prévues du matériel), alors que c’est parfaitement possible avec un ordinateur (Windows, Mac, Linux ou autre).
Troisième information importante cette semaine : Google a racheté la division mobile de Motorola pour 12,5 milliards USD, obtenant ainsi la propriété de plus de 17 000 brevets. Google tente, par ce rachat, de se constituer un portefeuille de brevets qui devrait lui permettre d’affronter d’autres géants de l’informatique, tels qu’Apple, Oracle et Microsoft, sur le marché de l’informatique mobile (smartphones et tablettes). Rappelons en effet que le système d’exploitation mobile de Google, Android, utilise des technologies brevetées par d’autres sociétés, et que ces brevets freinent le développement du système. Ainsi, Microsoft gagne plus d’argent avec les royalties qui lui sont versées chaque fois qu’un smartphone sous Android est vendu, qu’en vendant son propre système d’exploitation modbile… Avec le rachat de la division mobile de Motorola, Google devrait s’affranchir de certains obstacles liés aux brevets et devenir plus compétitif sur le marché de l’informatique mobile. Malgré cela, ce rachat ne semble pas être bien accueilli par les marchés, probablement à cause du manque de clarté de la stratégie à long terme de Google.