La nouvelle génération d’iPods a été présentée hier. A côté de l’iPod shuffle, du mini et de l’iPod «normal» qui s’appelle désormais «iPod Classic», apparaît un nouveau modèle conçu sur le modèle de l’iPhone : «l’iPod touch». Ce nouvel iPod n’a rien à voir avec l’ancien ; il s’agit d’une petite révolution dans le monde de ce baladeur numérique. Pourtant, les anciennes déclinaisons de l’iPod, à l’interface désormais classique, sont toujours présents au catalogue d’Apple. Le nouvel iPod touch n’a donc pas vocation à remplacer les anciens iPods. Qu’a-t-il de différent ? Pourquoi ne doit-il pas remplacer les iPods «classiques» ? Dans quels cas convient-il mieux que les iPods «classiques» ; dans quels cas ne convient-il pas ? Cet article a pour but de répondre à ces questions.
Commençons par les nouveaux modèles d’iPods «classiques». Je ne parlerai pas de l’iPod chou-fleur dont je ne vois pas l’utilité, voyons donc le nano et l’iPod normal.
Du côté de l’apparence extérieure, on en revient aux vieux modèles de 4ème génération (coins très arrondis), en plus large, écran large oblige. Ces nouveaux iPods nano ont une apparence légèrement ratatinée ; une telle impression doit être donnée par l’écran large et le bouton central de la molette, beaucoup plus large qu’avant. L’iPod classique ne donne pas une telle impression. Il est certain que l’écran large est très beau. Il devrait faciliter la navigation dans les menus, surtout que ceux-ci reposent désormais sur un nouveau système de navigation, voulu plus ergonomique. Sur la partie gauche de l’écran, les menus ; sur la partie droite, la pochette de l’album. Le résultat doit être légèrement moche si le morceau n’est pas associé à une pochette d’album. Et puis, soyons honnêtes, les pochettes d’album sur la moitié de l’écran, cela tient un peu du gadget : un iPod est fait pour écouter de la musique, pas pour regarder des pochettes d’album ! Pour finir sur l’apparence, disons que le nano est décliné en plusieurs couleurs, tandis que le classique est proposé en noir ou en blanc, tout comme son prédécesseur de 5ème génération.
Du côté des spécifications, le nano reste à base de mémoire flash, 4 ou 8 Go, et l’iPod classique garde son disque dur, désormais de 80 ou 160 Go. Le nouvel iPod touch possède une mémoire flash de 8 ou 16 Go. Je vois deux problèmes dans ces chiffres. Le premier est le suivant : il y a désormais une trop grande différence entre l’iPod classique et les deux autres modèles. Pour moi, l’iPod nano ne possède pas un espace de stockage suffisant. J’ai commencé avec un iPod 2ème génération, de 10 Go ; puis j’ai acheté un iPod 3ème génération de 20 Go lorsque j’ai eu besoin de plus de place et, enfin, un iPod 5ème génération de 60 Go pour encore plus de place. Pour moi, l’iPod nano est un iPod découverte pour ceux qui veulent essayer ce phénomène de mode : il devrait conduire à l’achat d’un iPod classique lorsque l’espace de stockage devient insuffisant. C’est là que survient le problème : passer de 8 Go à 80 Go, c’est peut être un peu brutal ! Pour avoir 80 Go, ou pis encore, 160 Go de musique, il faut vraiment être un acharné du téléchargement pirate, un fou furieux de l’importation CD vers MP3, ou pouvoir se payer la moitié du catalogue de l’iTunes Store ! Autre alternative : utiliser l’iPod classique pour stocker ses photos, ses vidéos ou des fichiers. Bref, l’utiliser comme un disque dur de poche. Dans ce contexte, les 80 ou 160 Go sont utiles. Cependant, les iPods intermédiaires à 40 ou 60 Go manquent au catalogue Apple : le nouveaux iPods auront pour la majorité des gens soit trop de place, soit pas assez. Le deuxième problème se place dans la continuation du premier : l’iPod est fait pour contenir la copie de la bibliothèque iTunes. Pour ceux qui ont un ordinateur fixe, avec un disque dur de grande capacité, il n’y a pas de problème. Mais les possesseurs d’un ordinateur portable, au disque dur de capacité réduite, ne pourront jamais remplir leur iPod classique puisqu’il ne disposeront pas d’assez de place sur leur ordinateur pour stocker tous les morceaux. Pour répondre à ce problème, iTunes devrait évoluer et permettre plus de souplesse dans la synchronisation de la musique avec l’iPod.
Passons maintenant à l’iPod touch, la nouveauté. Je vais tenter d’expliquer pourquoi je trouve l’iPod touch formidable, et pourquoi il ne remplacera cependant pas tout de suite mon iPod 5G.
L’iPod touch est doté d’un écran panoramique et d’une interface calquée sur celle de l’iPhone. Cette interface est vraiment impressionnante : magnifique à regarder, très facile à utiliser. Elle constitue l’atout majeur de ce nouvel iPod : rien qu’à voir la vidéo de démonstration d’Apple, on a envie d’acheter un iPod touch. Elle est une avancée majeure par rapport à l’interface des iPods classiques. Par exemple, pour naviguer rapidement dans un morceau, il n’est plus nécessaire d’appuyer sur le bouton central de la molette et d’essayer de tourner cette dernière tant bien que mal pour se placer à l’endroit désiré. Avec l’iPod touch, il suffit de faire glisser le curseur, directement en appuyant sur l’écran. Les menus sont également très faciles à utiliser ; j’avoue qu’il devient difficile pour moi de naviguer parmi mes pistes de lecture avec mon iPod 5G, car elles sont trop nombreuses. Avec l’iPod touch, un tel problème ne devrait pas se poser, même avec beaucoup de pistes de lecture (paradoxalement, la capacité réduite de la mémoire flash ne devrait pas amener les utilisateurs à créer beaucoup de pistes de lecture… à moins de ne placer que 2 ou 3 morceaux par piste !).
Vous l’aurez compris, l’interface est vraiment réussie. Une révolution réussie. Cela ne veut pourtant pas dire qu’elle est exempte de défauts. La première critique que l’on peut émettre n’est pas une nouveauté, puisque je l’avais déjà émise à l’encontre de l’iPod 3G : on ne peut pas changer de morceau, mettre en pause ou re-jouer le morceau en cours sans sortir l’iPod de sa poche. Ce point est particulièrement important pour moi qui utilise souvent l’iPod en marchant dans la rue. L’iPod est dans la poche de mon blouson ou de mon pantalon et, avec l’habitude, je sais exactement où se trouvent les boutons : il me suffit d’appuyer à un endroit de ma poche (sic) pour mettre en pause, passer au morceau suivant, etc. Avec l’iPod touch, pas moyen : il faut voir l’écran pour savoir où «taper». Et l’on a pas forcément envie de sortir son iPod de sa poche toutes les 5 minutes, parce qu’on a pas envie de faire savoir qu’on a un iPod, par ce qu’il pleut, ou pour n’importe quelle autre raison.
La seconde critique est beaucoup plus légère : elle concerne le défilement à l’écran de haut en bas. Depuis une vingtaine d’année, Apple et Microsoft nous ont habitués à faire défiler un contenu à l’écran d’un ordinateur en utilisant un ascenseur. Cet ascenseur est initialement en haut de la page : pour aller plus bas dans la page, il faut le faire descendre. Pour aller de haut en bas, on fait glisser l’ascenseur de haut en bas. C’est logique. Pourtant, dans l’iPod touch, c’est l’inverse ! Pour faire défiler vers le bas, il faut placer son doigt en bas et le faire glisser vers le haut, comme si on devait tirer l’image à l’écran. Bon, d’accord, c’est une question d’habitude. Mais avouez que ce n’est pas évident au début…
La dernière critique a trait à l’usage général de l’appareil : cet écran et bien beau, mais il faut en prendre soin (et pas question de placer l’appareil dans une housse de protection sans altérer l’utilisation de l’écran). Pour moi, l’iPod est un petit machin robuste qui traîne au fond de mon sac lorsque je ne l’utilise pas. Il doit être robuste. Et c’est bien le cas des iPods classiques (je n’ai jamais eu aucun problème avec mes 3 iPods, il ne se sont jamais abîmés), mais pas vraiment de l’iPod touch qui est bien plus fragile. Il faudra donc en prendre particulièrement soin.
Concernant l’utilisation générale de l’iPod touch, je serai plus sévère. L’iPod touch est certes rempli de bonnes idées, comme le Wifi, Safari, l’iTunes Wifi Store ou le système Starbucks. Le problème est que toutes ces bonnes idées sont accessoires : l’iPod est censé être un lecteur de musique. Je me vois mal avoir besoin d’une connexion Wifi, comme ça, subitement, en pleine rue, alors que je marche en écoutant de la musique. Et puis le Wifi en pleine rue, à part à Paris intra-muros dans quelques temps, cela n’existe pas encore ! Le Wifi Store est encore plus ridicule (désolé, mais là, c’est vraiment le cas) : comme si on ne pouvait pas attendre de retrouver son ordinateur avec iTunes pour acheter un morceau. Comme si l’achat devenait véritablement compulsif, irréfléchi. Le système Starbucks est super cool… dans 4 boutiques aux USA ! Totalement inutile en Europe pour le moment.
C’est assez difficile à expliquer, mais ces fonctions de l’iPod touch me donnent l’impression étrange que cet iPod est réservé à un public de geeks (c’est-à-dire d’acharnés des nouvelles technologies) qui sont prêts à se payer le nouveau gadget à la mode, juste parce qu’il est à la mode et que cela fait branché de l’avoir et de montrer qu’on l’a. Autant je comprends parfaitement l’intégration de Safari à l’iPhone, qui se place ainsi sur le marché des smartphones, autant je trouve son utilisé plus que douteuse dans un iPod qui est avant tout destiné à jouer de la musique. Surtout que l’iPod n’est pas destiné au même marché que l’iPhone : sur ces fonctions de navigation, les deux appareils font double emploi. Et les utilisateurs de l’iPod touch possédant déjà un ordinateur portable ou un PDA/Palm préféreront utiliser ceux appareils plutôt que l’iPod pour aller sur Internet : le confort de navigation est meilleur et, surtout, il est possible avec un ordinateur ou un PDA de relever ses e-mails et d’utiliser un logiciel de messagerie instantanée (comme MSN), ce qui n’est pas possible avec l’iPod touch.
Pour conclure, je dirai deux choses : l’iPod touch apporte une véritable révolution dans la navigation, ce qui est un point extrèmement positif ; il a cependant un côté gadget assez inutile. Ou peut être futuriste. L’iPod touch a certainement quelques années d’avances : quand nos grandes villes seront toutes équipées du Wifi dans la rue, quand chaque magasin aura adopté le système Starbucks, l’iPod touch sera véritablement formidable à utiliser. Mais pour l’instant, l’iPod classique remplit aussi bien son rôle principal : permettre d’écouter de la musique.